La conception et la fabrication des semi-conducteurs les plus avancés au monde seront bientôt une réalité en Europe. En effet, le fabricant taïwanais TSMC va implanter une usine à Dresde en Allemagne avec à la clé 2000 emplois. La première pierre de l’édifice va commencer à la fin de ce mois d’août. On peut déjà s’imaginer que le vieux continent va faire un autre bond pour son indépendance sur les semi-conducteurs.
Une usine de TSMC destinée au secteur de l’automobile et de l’industrie
C’est l’Allemagne qui accueillera la première usine en Europe de TSMC, le leader incontesté sur le marché des semi-conducteurs qui détient jusqu’à 62 % de parts de marché. Et chaque année, il investit des dizaines de milliards de dollars pour ses recherches et son développement. Pas étonnant qu’il soit le fournisseur des géants de la Tech comme Nvidia, AMD, Qualcomm, Apple, Microsoft…
Pour un tel acteur, Berlin n’a pas hésité à accorder des aides publiques de 5 milliards d’euros au fabricant taïwanais afin que l’automobile et les industries en Europe soient au préalable approvisionnées en semi-conducteurs. Les aides proviennent en partie du Chips Act européen qui souhaite investir environ 43 milliards d’euros pour doubler ses parts de marché sur les semi-conducteurs.
Par ailleurs, l’aide de 5 milliards représente près de 50 % du coût total du projet de construction de l’usine qui s’élève à 10 milliards. Sa construction débutera à la fin de ce mois d’août 2024 dans la ville de Dresde. TSMC va assurer ainsi la création de 2000 emplois directs et pourra fabriquer 40 000 galettes de silicium de 300 mm. Celles-ci vont servir à leur tour à produire des centaines de puces de 12 à 28 nm destinés au secteur de l’automobile et à l’industrie.
Le défi technologique des semi-conducteurs : où en sommes-nous en Europe ?
Nous parlions plus haut d’un programme de 43 milliards déployé par l’UE pour doubler ses parts de marché et réduire sa dépendance aux semi-conducteurs. Ce programme appelé Chips Act européen va donner à l’Europe une souveraineté technologique dans les industries de pointe afin de rattraper son retard face aux Américains et aux Chinois.
La construction de cette usine de TSMC en Europe est dans cette perspective. Il faut aussi noter que TSMC détiendra 70 % de l’usine, les autres acteurs étant les allemands Bosch et Infineo ainsi que le néerlandais NXP Semiconductors.
L’autre acteur en Europe, la franco-italien STMicroelectronis (ST) et Global Foundries qui devaient s’associer pour étendre son usine en Isère prend du retard. Global Foundries n’ayant pas pour l’instant concrétisé ses engagements. On peut tout de même se réjouir du néerlandais ASML qui est le seul au monde à concevoir les machines innovantes et très spécialisées capables de fabriquer les puces.
Alors, si l’Europe peut se targuer d’avoir sur son sol ASML, les usines de pointe capable de concevoir et de fabriquer des puces avancées en 5 ou 3 nm sont presque absentes en Europe. Pour investir dans de telles usines high-tech, les coûts d’investissement peuvent dépasser 10 milliards d’euros. Et, les entreprises qui y sont parvenues, on les compte au bout des doigts, dont le géant Taïwanais TSMC, le Coréen Samsung et les Américains Intel et GlobalFoundries.
L’Europe a donc encore du chemin à faire. Aujourd’hui, les puces entrent dans presque tous les objets qui nous entourent : voitures, smartphones, machine à laver, TV, ordinateurs… Le Covid a rappelé de manière brutale qu’une forte dépendance à des produits de première nécessite dans l’économie est dangereux.