Alors que Qualcomm venait de présenter ses puces Snapdragon 8 Elite qui vont équiper les millions de flagships dont le prochain Xiaomi 15 Pro, un coup de tonnerre vient s’abattre sur l’entreprise. En effet, ARM menace Qualcomm de lui retirer la licence technologique qui lui permet de concevoir ses puces Snapdragon.
Un monopole d’ARM dont peu de fondeurs peuvent se passer
ARM Holdings, l’entreprise responsable de la conception de l’architecture utilisée dans la plupart des smartphones à travers le monde, menace Qualcomm de lui retirer sa licence. Si vous avez du mal à comprendre, il est important de rappeler au préalable qu’ARM conçoit les architectures utilisées dans une grande majorité de processeurs. Elle octroie donc une licence de cette conception à d’autres fabricants sur laquelle ils se basent pour fabriquer leurs propres puces personnalisées.
La plupart des fondeurs et d’autres entreprises ont recours à cette architecture. On peut citer l’exemple de :
- Google avec ses puces Tensor
- Samsung avec ses puces Exynos
- Qualcomm avec ses puces Snapdragon
- Mediatek avec ses puces Dimensity
- Apple avec ses M
- Etc.
C’est justement cette licence accordée à Qualcomm qu’ARM menace de retirer. Le concepteur a donné un délai de soixante jours pour annuler cette licence architecturale. Qualcomm se trouve ainsi dans une position délicate. En effet, l’entreprise a toujours utilisé la propriété intellectuelle d’ARM pour développer des puces sur mesure qui ont fait son succès dont le Snapdragon 8 Elite.
La cause probable de ce conflit
Ce conflit qui oppose Qualcomm et ARM a débuté juste après l’acquisition que Qualcomm ait racheté pour 1,4 milliard de dollars Nuvia en 2021. Nuvia est une startup de conception de puces basées aussi sur ARM dédiée aux serveurs. Elle a été fondée par d’anciens ingénieurs de Google et d’Apple. Après cette acquisition de Nuvia, ARM a accusé Qualcomm d’omettre la renégociation des accords de licence pour l’architecture de puce de Nuvia.
Plutôt que cela, Qualcomm a intégré la conception de Nuvia dans ses nouveaux processeurs Oryon, comme en témoignent les Snapdragon X Elite pour ordinateur portable et Snapdragon 8 Elite récemment sortis et dédiés aux smartphones haut de gamme. ARM a été exaspéré par cette action et cherche désormais à empêcher Qualcomm d’utiliser ses conceptions.
Une autre action en justice a été déposée par ARM, qui a demandé à Qualcomm de détruire toutes les conceptions de puces développées par Nuvia avant ce rachat. En effet, ARM considérait que Qualcomm n’avait pas le droit d’utiliser ces conceptions avant l’achat et a donc porté plainte.
La réponse de Qualcomm et les risques d’une annulation de licence
Selon Qualcomm, les versions de Nuvia étaient déjà incluses dans son contrat actuel avec ARM. Autrement dit, pour Qualcomm, les actifs récemment acquis sont automatiquement soumis aux conditions de licence, ce qui rend inutile toute autre forme de renégociation.
D’après un responsable de Qualcomm, le processus de résiliation de licence d’ARM « semble être une tentative de perturber les procédures judiciaires, et ses demandes de résiliation sont entièrement infondées ». L’entreprise fait allusion à la plainte déposée par ARM l’accusant de réutiliser les conceptions de puce de Nuvia sans une renégociation.
Pourtant, il faut reconnaître que Qualcomm joue gros. En effet, si la licence ARM est résiliée, le développement des puces propriétaires de Qualcomm, telles que le Snapdragon 8 Elite, le Snapdragon X Elite et d’autres modèles futurs, sera interrompu. Les millions de smartphones dans le monde ne pourront plus intégrer cette puce, un véritable cataclysme quand on y pense !
Cependant, Qualcomm semble avoir confiance dans le respect de ses droits. De son côté, ARM aussi est résolu à faire valoir ses droits sur une utilisation non appropriée de ses licences. Selon Boomberg, la solution à ce conflit serait purement financière, les deux parties devraient normalement trouver un accord.