Microsoft fait désormais partie des géants technologiques régis par un régime spécial de contrôle des abus en Allemagne. Le géant du logiciel pourrait être soumis à des restrictions si les autorités de la concurrence jugent l’intervention nécessaire, a confirmé lundi l’Office fédéral allemand des cartels (Bundeskartellamt).
Au cœur de cette décision, l’utilisation de l’intelligence artificielle
Cette décision des autorités allemandes de lutte anticoncurrentielle n’est pas anodine, elle a été prise face à l’influence de Microsoft dans le domaine de l’IA générative. Pour l’instant, il n’y a aucune démarche de justice, ni une enquête contre Microsoft sauf que l’entreprise américaine aura une attention assez particulière de la part du gendarme allemand de la concurrence.
Aussi, l’influence grandissante de Microsoft sur OpenAI ces dernières années n’est pas du goût de certains gouvernements en Europe. Cette relation amicale a même amené Microsoft à engager Sam Altman, le dirigeant d’OpenAI, ainsi que d’autres cadres importants à l’automne dernier, à la suite d’une dispute entre les membres du conseil d’administration.
Malgré le fait qu’Altman ait décidé de demeurer chez OpenAI, l’épisode a mis en évidence l’influence de Microsoft. Rappelons que l’entreprise a aussi obtenu un siège d’observateur au conseil d’administration d’OpenAI, mais elle l’a abandonné cet été. C’est tout cet épisode qui a placé Microsoft dans le collimateur des autorités de régulation antitrust allemand.
Le communiqué de presse du gendarme allemand antitrust indique que l’assistant d’intelligence artificielle Copilot de Microsoft est présent « dans de multiples applications ». On peut y voir un début de forme de domination du marché, mais l’heure n’est pas encore aux conclusions, plutôt à des observations du comportement de Microsoft dans les prochaines années.
Une domination de l’écosystème de Windows couplé à l’IA
Microsoft a la possibilité aujourd’hui d’offrir ses modèles d’IA en tant que service sur Azure, ce qui lui permet de prendre une avance considérable sur ses concurrents dans le Cloud. De plus, il est de notoriété publique que l’entreprise américaine domine depuis plusieurs années le marché des logiciels avec son système d’exploitation Windows en plus de Microsoft Office installés sur la quasi-totalité des PC.
Grâce à des rachats et à des moyens financiers presque illimités, Microsoft a tissé sa toile dans des secteurs où on l’attendait le moins. C’est le cas avec le réseau social professionnel LinkedIn et sa console de jeu Xbox où elle a réussi à établir une position dominante. Les solutions de fonctionnalités de l’intelligence artificielle grâce à ChatGPT vont lui permettre d’assoir cette domination. Dans ce cadre, on voit mal comment les lois DMA de l’autorité européenne pourraient limiter son pouvoir.
Face à un tel pouvoir de domination, voir aussi un géant de la Tech européen émergé semble une utopie tellement nous sommes encore loin des solutions de service offertes par les GAFAM et autres grosses entreprises chinoises comme Xiaomi, Tencent et ByteDance à qui appartient TikTok.
La loi allemande qui met les géants de la Tech sous un régime de surveillance spécial ne concerne pas uniquement Microsoft. Sont présents aussi Amazon, Apple, Google et Meta.
